Histoire  et  Généalogie  de  la  famille 

THUET  de Hammerstatt


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avertissement

 

Hormis le blason en couleurs, ne sont issues du livre d'Alphonse THUET que les photos ou images en noir et blanc. Les autres photos couleur, ou actes ont été ajoutés par les traducteurs.

 

 

 

 

 

Remarque concernant la traduction

 

Nous avons privilégié une traduction un peu littérale pour essayer de mieux respecter le style de l'auteur.

 

 

 

 

Traduit de l’allemand par Christiane et Jean-Paul THUET

                                                                           Avril 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

HISTOIRE   ET  GENEALOGIE

 

 

 

 

De la famille  THUET

 

de HAMMERSTATT

 

 

 

Avec prise en considération particulière

des membres ecclésiastiques

 

 

 

 

 

Par  ALPHONS  THUET

Curé à Bettendorf  ( Haut-Rhin)

 

 

 

 

 

 

 

 

1912 --- Bethsaida : Imprimerie, Carspach  (Haut-Rhin)

 


AVANT PROPOS

 

  Le 19 juin 1903 mourut au presbytère de l’auteur à Bettendorf, la vieille tante Maria Rosa THUET. Avec elle disparut dans la tombe le dernier rameau d’une famille nombreuse très chrétienne d’Ottmarsheim, la famille de mon grand-père. Alors qu’elle atteignit le grand âge de 84 ans, et qu’elle passa les treize dernières années de sa vie à mes côtés, je recueillis, souvent de vive voix, d’intéressantes particularités de la vie de ses parents, de ses grands-parents et d’autres membres de la famille. Ainsi je me suis dit : ce serait dommage, que tous ces souvenirs relatifs à nos aïeux se perdent, et ne soient pas connus des plus jeunes générations de la famille. Je me suis donc mis au travail, et pendant mes moments de loisir, je cherchai à rassembler ce que j’avais appris, et ce que je pouvais encore apprendre, non seulement de la famille en général, mais aussi, et tout particulièrement sur les prêtres et autres religieux, qui se sont révélés si nombreux. Le présent livre est constitué de tout cela.

  Au début il n’était pas prévu qu’il serait aussi volumineux, mais avec l’accroissement de la matière à utiliser, comme les lignes de l’écrivain, les feuilles de l’imprimeur augmentèrent également. Ce livre est sans prétention scientifique, ni culturelle, ainsi donc il n’est, bien sûr, pas pour le grand public, mais seulement pour le cercle restreint de la famille et de ses amis. L’objectif principal qui s’en suit, est de faire part, aux générations présentes et futures, de l’origine et du passé de la famille, pour leur savoir et leur identité , conformément à la belle expression des Saintes Ecritures « Quorum intuentes exitum conversationis, imitamini fidem  (~Poursuivez votre évolution selon votre foi) ».

  Je ne dois pas oublier d’exprimer mes sincères remerciements aux personnes qui m’ont aimablement aidé dans mon travail, et qui se trouvent généralement mentionnées dans le livre : pourtant une mention particulière est due ici à Monseigneur le docteur Léo FRIESS, professeur au collège épiscopal de Zillisheim, qui n’a pas ménagé sa peine pour (parcourir) vérifier l’ensemble du travail. A monsieur le curé WITZIG du canton de Hirsingue, pour ses conseils et actions à mes côtés. Pour retrouver les plus vieux documents, monsieur le chanoine INGOLD (Colmar), comme monsieur WANGER, professeur principal à Heiligkreuz (Sainte Croix en Plaine), et les deux internes du séminaire, messieurs ALPHONS HAEN et EMILE HIGELIN, qui m’ont rendu de précieux services. Que DIEU leur en soit reconnaissant !

  Bettendorf, le jour de la fête de saint ALPHONSUS,  2 août 1912

L’auteur

 

 

 

NDLR :de nos jours la Saint Alphonse se situe le 1er août..


ORIGINE DE LA FAMILLE THUET

ET SON IMMIGRATION EN ALSACE

 

 

Hammerstatt.

 

En Alsace, quand le randonneur prend la route qui longe le fleuve du Rhin, face aux sommets imposants des Vosges du Sud, entre Rumersheim et Blodelsheim, à mi-chemin environ des deux localités, il rencontre une simple croix, placée à l’ouest de la route, et orientée vers l’est. Cette croix fut offerte par la famille THUET en souvenir d’une métairie qui se trouvait jadis à cet endroit, à l’est de la route, et qui portait le nom de HAMMERSTATTER HOF.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 A cet emplacement habitaient les ancêtres de la famille THUET. La ferme elle-même était un reste du village de HAMMERSTATT, disparu dans le passé.

 

 

Inscription sur le socle de la statue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

O HIR  ALLE,

DIE  HIR  VORUBER  GEHT,

WERDET AUF MERGSAM

UND  SEHET  OB  EIN  SCHMERTZ

MIT  MEINEM  SCHMERTZ

ZU  VERGLEICHEN SAY

ERRIGETET  DURCH  DIE

FAMILIE  THUET

VON  RUMERSHEIM

1860

 

Déjà en l’an 730, Hammerstatt était signalé dans l’histoire de l’Alsace : il est notamment relaté qu’à partir de ce moment là, les propriétés de l’abbaye de Murbach en possédaient certains biens. En l’an 1441, les documents mentionnent Hammerstatt comme un rectorat, une paroisse avec vicaire, qui appartenait en ce temps là à la Landkapitel (direction régionale) bâloise du Rhin, et se trouvait sous l’autorité de l’évêché. Mais trois années plus tard, en 1444, l’endroit a dû être détruit par les ARMAGNACS. Néanmoins d’après d’autres documents, il devrait sa fin à des inondations du Rhin. Plus vraisemblable peut être l’avis, qui attribue la disparition entière de la localité, aux troubles sanglants de la Guerre de Trente Ans. L’église paroissiale de Hammerstatt fut consacrée au saint évêque ELIGIUS (St Eloi). A l’emplacement du village disparu, resta une ferme avec des biens importants, et une chapelle. En l’an 1762, cette chapelle qui sans aucun doute était dédiée à saint ELIGIUS, fut louée pour bénéfice, c’est à dire une charge religieuse avec des revenus appropriés.

Comme il m’a été raconté de vive voix, les ecclésiastiques (religieux) de Neuenburg auraient tenu l’office religieux dans la chapelle.

Le Hammerstatthof avec tous ses biens, fut donné en 1636 au collège d’Ensisheim, par l’empereur MAXIMILIEN II et l’archiduc LEOPOLD, évêque de STRASBOURG, pour subvenir aux besoins de la jeunesse étudiante de ce collège. Ce collège fut confié aux Jésuites en 1614. MERKLEN écrit dans son «  Histoire de la ville de Ensisheim » : "l’Empereur MAXIMILIEN II et l’archiduc LEOPOLD, par considération particulière pour les officiers de la Régence, et du grand nombre de nobles et de familles de distinction, qui demeuraient à Ensisheim, procurèrent à ce collège plusieurs bénéfices, qui devaient lui servir de dotation. L’archiduchesse Claudia confirma authentiquement, en 1636, toutes ces dotations, et en ajouta de nouvelles pour l’entretien de vingt-quatre personnes : les lettres de confirmation, expédiées à ce sujet, furent enregistrées à la Régence. Les biens qui y sont énumérés et dont le collège était en possession jusqu’à sa suppression sont : «  1°…4° La ferme de Hammerstatt, près de Rumersheim : cette localité incendiée et détruite par les guerres, était un beau hameau, duquel dépendaient quatorze mille quarante ares de terres labourables et autant d’ares en forêts et pâturages, sans compter les îles et autres terres le long du Rhin »".

Quand en 1764 les collèges furent retirés aux Jésuites dans toute la France, les biens du collège de Ensisheim, par conséquent aussi Hammerstatt, furent transférés au collège de Colmar. Dans un livret de famille qui venait des parents de Johannes THUET, je trouvai un deuxième état des biens de Hammerstatt. Il a le titre : «  Inventaire, des biens sur le ban de Hammerstatt :

 

D’abord, champs du Rhin

191

 

25

 

Champs de la HART

160

 

73

 

Total des champs

351

Arpents

98

Perches

Prés du Rhin

47

 

13

 

La ferme avec le jardin

12

 

17

 

La HART (forêt)

349

 

16

 

Le petit bois du Rhin

17

 

66

 

Le total est

778

Arpents

20

Perches

 

Extrait du plan que monsieur BOTEN de Strasbourg a fait, retranscrit par moi, JOHANNES THUET MAYER l'ainé à Hammerstatt –anno 1776 ans ».

Je fais suivre plus bas, une esquisse du plan qui fut fait en 1762, et qui se trouve aux archives de Colmar.

Tous ces biens furent perdus pendant la (grande) Révolution. La ferme et la chapelle furent réduites en cendres et anéanties. Les ruines et décombres furent utilisées partiellement pour des constructions ordinaires. Ainsi peut-on voir aujourd’hui à Blodelsheim une grange, dont les matériaux de construction émanent de Hammerstatt. Par ailleurs peu de preuves témoignent de la splendeur passée. Sur les bornes cadastrales des terrains des îles du Rhin, l’on trouve encore le signe des Jésuites IHS. A part cela, rien d’autre n’a subsisté de Hammerstatt, mis à part le nom même du territoire « Hammerstatterbann », sur lequel se trouve la croix mentionnée plus haut.

 

 

 

 

Croquis des terres de la ferme de Hammerstatt

 


 

LA  FAMILLE  THUET  DE  HAMMERSTATT

 

 

 

En l’an 1692 émigra de Suisse, précisément du canton de BERNE, vers la pittoresque et riche Alsace, un certain Hartmann THUET, qui s’installa dans la ferme et propriété citées plus haut. Il avait à cette époque 26 ans, était célibataire, et reçu dans la même année 1692, le 25 août le saint sacrement du baptême. Le 29 juin 1699 , il se maria avec Anna-Maria HELL, native de Hammerstatt, une fille de Peter HELL et Anna-Maria GLASSER. De ce mariage émanèrent six enfants, à savoir :

Anna-Maria, née le 9 août 1700, dont on ne sait rien de plus ;

Hartmann (° ?), qui se maria en 1736 avec Franziska MEYER, et qui est sans aucun doute l’ancêtre de la famille bien connue « Hartmann THUET » de Rumersheim;

Katharina, née le 10 mars 1705, laquelle dut mourir enfant, car une fille suivante porta le même prénom ;

Johann Peter, né le 16 août 1706, qui se maria en 1727 à Bantzenheim avec Katharina ONIMUS, et qui est l’ancêtre de la famille locale assez ramifiée ;

Katharina, née le 9 février 1709, laquelle mourut déjà le 27 février de la même année ;

Maria Magdalena, née le 17 janvier 1710, décédée le 16 février 1712.

Le 24 mars 1713 mourut également la mère Anna Maria HELL, madame Hartmann THUET.

THUET (Hartmann) se maria en deuxièmes noces, le 4 février 1717, avec Anna Maria LEHMANN de Bantzenheim. De cette union sont issus trois fils, à savoir ;

Bartholomäus, qui mourut enfant le 2 mars 1718 ;

Johannes, né le 13 juin 1720. Ce dernier se maria avec Maria Anna LANG de Hammerstatt, le 15 novembre 1745. Il est notre ancêtre, dont la tombe surmontée d’une croix en pierre, est encore entretenue dans le cimetière de Rumersheim ;

Joseph ( ° ?), qui se maria le 26 mai 1755 avec Anna Maria RICHARD, veuve de Joseph GROTZINGER, laquelle décéda en 1763. Après le décès, Joseph se maria avec Magdalena LEIBY, qui mourut en 1785, lui même décédant en 1787. Il était connu sous le sobriquet de « Grüner THUET », (THUET vert), sans doute parce qu’il habitait dans la verdure, c’est à dire sur les îles du Rhin. Ses descendants ont dû s’établir à Rumersheim.

L’aïeul Hartmann THUET, mourut le 10 février 1748 à l’âge approximatif de 82 ans. Sa deuxième épouse Anna Maria LEHMANN, le suivit dans la mort le 10 mars 1752 à l’âge de 75 ans1.

 

 

 

La  descendance.

 

Un coup d’œil sur l’arbre généalogique qui accompagne ce travail, et qui me fut procuré par une experte et habile main amie (monsieur le curé BEHRA de Heimersdorf), donne des éclaircissements sur la large ramification de la famille citée plus haut. L’arbre généalogique est établi rigoureusement selon les divers registres, paroissiaux et civils, hormis les enquêtes et résultats de la ville de Rumersheim qui souffrent de quelques manques pour cause de défaut de documentation., mais qui sont complétés par des renseignements appropriés transmis oralement. Nous voyons ainsi comment, la grande famille qui maintenant s’est déployée dans toute la haute Alsace, mais particulièrement dans la région de la Hart, à Ottmarsheim, Bantzenheim, Rumersheim et Blodelsheim, descendit du vieux Hartmann THUET, soit à travers les deux fils des premiers mariages de Hartmann et de Peter, ou par les deux fils des deuxièmes mariages de Johannes et Joseph. Les THUET de Bantzenheim et les THUET-Hartmann de Rumersheim étaient issus du 1er mariage, les autres THUET de Rumersheim et de Blodelsheim, Meienheim, Ottmarsheim, sont des descendants du 2ème mariage. Lors de l’évocation des quatre fils de Hartmann, Peter, Hartmann, Johannes, et Joseph, c’est surtout Johannes qui a été mis en avant, car il était mon plus proche parent, et sa descendance est très représentée dans la carrière religieuse.

Johannes était un fils de Hartmann THUET et de Anna Maria LEHMANN. Son épouse, Anna Maria LANG, était une fille de Peter LANG de Hammerstatt. Je n’ai pas pu trouver le nom de sa mère. Le contrat de mariage de ces époux est daté du 6 novembre 1745. Leur mariage eut lieu le 15 novembre 1745, et la mort les sépara en 1786, par le décès du père. Leurs enfants sont tous nés à la ferme de Hammerstatt, et sont les suivants :

 

1.  Johannes THUET, né le 24 octobre 1746. Il se maria d’abord avec Franziska HOFMANN, et après le décès de celle-ci, avec Magdalena RUDOLF, le 23 janvier 1769. Cette Magdalena était une fille de Joseph RUDOLF de Baldersheim. La descendance de ce couple THUET-RUDOLF est très nombreuse, se monte à environ 300 personnes, qui se sont installées en différents lieux, et y sont encore, comme à Blodelsheim, Battenheim, Meienheim et Urschenheim. Je connus personnellement un des fils de ce couple, le « cousin Peter » aveugle. J’ai aussi beaucoup entendu parler du « cousin Hans », qui était également un fils de cette famille qui comptait cinq fils et cinq filles. Deux des cinq fils allèrent à Blodelsheim, Franz-Joseph et Ignatius, un à Meienheim, Elogius, duquel descend la famille THUET de Urschenheim, deux restèrent à Rumersheim, ceux cités plus haut, cousins Hans et Peter. Peter resta célibataire.

Johannes mari de Elisabeth GREDA, est l’ancêtre fondateur de la famille à Battenheim, Fessenheim, et Sainte-Croix-en-Plaine. Les cinq filles se marièrent à Blodelsheim :

Katharina (épouse SITTERLE Célestin) parents de SITTERLE Clemens

Magdalena (épouse LINDER Blasius, beaux-parents de la famille JUDAS, puis épouse HASSLER Dominique).

Franziska (épouse SITTERLE Amand).

Maria Anna (épouse FIMBEL Joseph).

Anna Maria (épouse GROTZINGER Johannes).

 

2.  Franz Elogius THUET, né en 1758, se maria avec Elisabeth REIDINGER de Bantzenheim en février 1783. Il fut d’abord fermier au Hammerstatterhof, puis s’installa à Rumersheim, où pendant la période de la Révolution, il fut maire pour les affaires religieuses et des ordres. Mais pour cela il fut beaucoup poursuivi. Les circonstances de sa mort furent tragiques. Les agents de la Révolution se présentèrent jusque devant son lit de malade, pour le traîner devant le tribunal révolutionnaire. Ce n’est qu’à cause de sa grave maladie, dont les suites entraînèrent sa mort (20 mars 1796), qu’il échappa à un sort terrible. Sa femme, Elisabeth REIDINGER, était une fille de Stephan REIDINGER, maire de Banzenheim, et de Maria Anna SCHNEBELEN. Elle était née en 1750 et vécut jusqu’en 1830. Comme parentés elle avait cinq frères et deux sœurs, à savoir :

Stephan (père de madame VIRELL à Breisach, de madame SCHEUCH à Herlisheim, et grand-père de madame WIESSNER de Briesach),

Johann Michael,

Johann Georg Sebastian, qui devint religieux,

Anton,

Maria Anna (madame SEILER Michael à Banzenheim) et

Franziska (madame NICO Joseph de Rixheim).

Madame Elogius THUET, fut remarquable par ses vertus, tant chrétiennes que domestiques. Durant son long veuvage, elle éduqua ses enfants de façon exemplaire. J’entendis souvent des louanges à son égard de la bouche de ma tante. Elle avait quatre fils et deux filles.

L’aîné des fils, mon grand-père, s’appelait Franz-Joseph, naquit fin 1783 ou début 1784 à Hammerstatt, et vécut jusqu’au 3 janvier 1871.  Il se maria à Ottmarsheim, avec Elisabeth LUSSY, fille de Johannes LUSSY et Margaretha WELTER. Elle lui fit don de treize enfants, dont plusieurs moururent en bas âge. Parmi les survivants trois entrèrent dans les ordres, trois se marièrent, pendant que les autres restèrent célibataires. Le dernier membre de cette famille, ma tante Maria Rosa THUET, décéda chez moi dans mon presbytère de Bettendorf, le 19 juin 1903 à l’âge de 84 ans. Le couvent d’Ottmarsheim n’est pas peu redevable de son existence et de sa pérennité, au caractère bienveillant et charitable de ces deux époux très chrétiens, Fr. Joseph THUET et Elisabeth LUSSY. D’eux descendent les familles THUET d’Ottmarsheim, Petit Landau, et Blotzheim.

Le 2ème fils d’Elogius reçu le prénom de Stephan. Il naquit en 1785, sans doute à Hammerstatt, se maria à Rumersheim le 6 février 1809 avec Rosa Katharina GROTZINGER, fille de Johannes GROTZINGER et Maria Anna HOFFMANN, et mourut à Rumersheim le 20 novembre 1845. Il laissa derrière lui une famille nombreuse avec 8 filles et un fils Ferdinand qui vint à Heiteren, et qui est l’ancêtre de la famille THUET de cet endroit là. Parmi les filles, deux se marièrent à Neuenburg (Bade), à savoir Joséphine (madame MAIRE), et Eléonore (madame WEISS Aloys) ; deux restèrent à Rumersheim, Marie Elisabeth (madame GROTZINGER Xaver, mère de feu le curé Xaver GROTZINGER), et Justine (madame HUG Peter); une vint à Fessenheim, Marie Antoinette (madame BADER) ; une autre à Altkirch, Luise (madame RIETSCH) ; deux moururent célibataires à Rumersheim, Leogadie et Maria Rosa.

Le 3ème fils d’Elogius THUET et de Elisabeth REIDINGER, est Franz Johann Georg1, très certainement également né à Hammerstatt en 1787. Celui-ci maria le 27 avril 1813 une Margaretha LANG d’Ottmarsheim, fille de Konrad LANG et Margaretha WIESLER, habita alors à Rumersheim, ou il mourut le 1 décembre 1846.

Il ne laissa après lui qu’un fils Franz Ludwig THUET (1814-1889), mari de Katharina FUCHS de Obersaasheim (1823-1896).

 

 

 

Johann Georg et son fils Franz Ludwig se distinguèrent par de magnifiques réalisations pour le culte, qui eurent des conséquences sur leur descendance, puisque deux membres choisirent d’entrer dans les ordres : Georg THUET, curé de Tagolsheim, et Joseph THUET, P.Marinus, trappiste à l’Oelenberg ; un autre Edmund, devint médecin, et les autres, Albert, Eugen, et deux sœurs, conduisirent la maisonnée paternelle. La famille ne s’est pas développée en dehors de Rumersheim.


 


 Fr. Johann Georg était très maladif, et de ce fait ne put effectuer de travail pénible. Ainsi il s’occupa de travaux d’arts plus légers, dans lesquels il atteint un haut degré de perfection. On peut encore admirer ses œuvres aujourd’hui grâce à plusieurs objets domestiques conservés par la famille, et particulièrement le beau tronc qui dans l’église de Rumersheim sert de support au cierge pascal. Avec cela Fr. Johann Georg était doué pour amuser son entourage avec des blagues spirituelles.

Ci-dessous le tronc  cité et le détail du socle initiales TG, et l'année de fabrication 1838 sous la rosace supérieure.

 
 


 


Le 4ème enfant de la famille THUET-REIDINGER était une fille, appelée Maria Anna, sans doute aussi née à Hammerstatt en 1789. Elle est morte célibataire à Rumersheim en 1874 où elle repose en profonde piété.

Xaver, le 5ème enfant et 4ème fils, est né en 1792, à Hammerstatt ou à Rumersheim, la question reste posée. Mais il vécut à Rumersheim jusqu’en 1860. Depuis le 27 décembre 1821 il fut marié à Maria Anna, sa cousine, fille de Johannes THUET et Elisabeth GREDA. Ces excellents époux chrétiens avaient trois fils et trois filles. Deux filles se consacrèrent à la religion, l’une dans l’enseignement, l’autre au service des malades. Un fils Eduard, devint prêtre et mourut en étant curé d’Oltingue. Les deux autres fils se marièrent ; l’un, Ludwig, à Biesheim avec Anna Maria BUTZ (parents de Joseph, celui qui mourut en Afrique en tant que père blanc) ; l’autre, Aloys, à Rumersheim avec Margaretha THUET, sa cousine d’Ottmarsheim. La troisième fille, Elise, décéda célibataire à Rumersheim.

Le 6ème et dernier enfant de la famille THUET-REIDINGER naquit à Rumersheim en 1795, eut le prénom de Maria Rosa, et devint l’épouse de Johann-Baptist HEIMBURGER de Fessenheim, fils de Franz Xaver HEIMBURGER et Theresia WALTER. Cette madame HEIMBURGER a dû vivre de façon très vertueuse, et donner à ses quatre fils et deux filles une bonne éducation. Les deux filles sont mortes célibataires à Fessenheim. Des quatre fils, l’aîné Xaver, alla à Rouffach où il se maria avec Emilie CALLINET. Le 2ème, Franz Ludwig, resta à Fessenheim et se maria avec Katharina BELLIKAM. Le 3ème, Johann-Baptist, se maria également à Fessenheim avec Maria Anna FIMBEL. Le 4ème, Joseph, partit à Oberenzen, où il prit pour femme, Maria Katharina RICH. Un fils de ces époux HEIMBURGER-RICH entra dans les ordres, devint jésuite et œuvra comme missionnaire sur l’île de Ceylan.

Remarquable est le fait, que tous les enfants mariés de la famille THUET-REIDINGER, comptent des prêtres dans leur descendance. Sans doute une récompense pour la foi inébranlable d’Elogius pendant les mauvais jours de la « grande » Révolution. Honneur au souvenir de ce brave chrétien ! Son glorieux prénom fut perpétué dans la famille ; sauf qu’on fit d'Elogi, Louis, d’où les nombreux Franz-Ludwig qui se trouvent dans la famille.

 

3.  Maria Anna THUET, une fille de Johannes THUET et Maria Anna LANG, est certainement née à Hammerstatt le 27 janvier 1749. Elle se maria avec Christopher BICHELEN, instituteur à Eschenzweiller. Ce mariage a dû avoir lieu en 1773 ou 1774. Dans les registres paroissiaux de Eschenzweiller sont inscrits neuf enfants de ce couple, à savoir : Maria Anna, née en 1775, morte en 1795 à Eschenzweiller ; Elogius ; Alexander, né en 1782 ; Anna Maria Ludmina, née en 1784 ; Benedikt Dominik Salomon, morte en 1786 ; Franz Anton, né en 1788 ; Maria Theresia, née en 1789 ; Franziska, née en 1793, morte à 9 mois ; Franz Anton mort le 8 juin 1794.

Un examen des registres paroissiaux à Eschenzweiller a conduit aux renseignements suivants concernant la famille. Le père, Joseph Christopher BICHELEN né à Eschenzweiller le 24 mars 1747, était un fils de Franz BICHELEN et de Eva BINDER. Il était instituteur et officier public à Eschenzweiller jusqu’en 1795. A partir de ce temps là son nom disparaît des registres d’Eschenzweiller. Aucune trace, ni de lui, ni de sa femme et de ses enfants, n’est trouvée d’une façon ou d’une autre dans ces registres. En tous cas il a dû quitter cet endroit, mais je n’ai pas pu apprendre pour aller où. Il est tout à fait superflu de rechercher les motifs de ce départ au cours des années agitées de la Révolution. Le père de Christopher, c’est à dire Franz BICHELEN, était natif d’Ottmarsheim, et s’était marié le 17 janvier 1735 avec Eva BINDER, fille de Heinrich BINDER.

 

4.  Franziska THUET, fille de Johannes THUET et Anna Maria LANG. Une date exacte de sa naissance ne peut être donnée, à cause des lacunes dans les vieux actes de baptêmes de Hammerstatt. Cependant, il est invraisemblable qu’elle soit née en 1750. Elle s’est mariée le 5 mai 1780 avec Franz Joseph Rudolf, maire de Blodelsheim. Les renseignements qui me furent fournis sur la famille Rudolf-Thuet divergent selon le cas. D’après les dires il paraît que ces époux restèrent sans descendance, et que Rudolf après le décès de Franziska contracta une deuxième union avec une personne de Blodelsheim, laquelle resta aussi sans enfant. D’après une autre information il se raconte que Franz Joseph RUDOLF et Franziska THUET ont laissé un fils qui mourut en Russie en tant qu’officier de l’armée de Napoléon I. Ce fils devait s’appeler Joseph, et avoir été un excellent soldat. Cette dernière information a dû venir du cousin Peter.

 

5.  Anna Maria THUET, fille de Johannes THUET et Maria Anna LANG, est née à Hammerstatt le 9 février 1751. Elle se maria en 1784 avec Romanus LOETSCH, citoyen d’Ensisheim. Le fils unique de ces époux, Johannes LOETSCH, maria à Ensisheim le 29 février 1808, Anna Maria FREY, fille de Bernard FREY et Maria Anna BRAUN. De cette union sont issus deux fils et trois filles, à savoir : Johann Georg, le futur provincial des Frères de Marie, dont l’histoire suit plus bas ; Franz Xaver, qui mourut sans enfant; Maria Franziska et Maria Katharina (des jumelles), et Maria Anna. Toutes les trois filles endossèrent l’habit religieux et entrèrent dans la congrégation des Sœur de l’Ecole de Rappoltsweiler. Maria Franziska reçu le nom de Sr Fabienne (1817-1868), Maria Katharina Sr Marcelline (1817-1894) et Maria Anna Sr Venceslas (1826-1902). Avec elles toute la descendance de Anna Maria THUET s’est éteinte.

 

6.  Katharina THUET, fille de Johannes THUET et Maria Anna LANG. Née à Hammerstatt entre 1761 et 1765, Sebastian RIBER de Meienheim la maria le 26 août 1788. Trois enfants sortirent de cette union : un fils, Franz Joseph RIBER, qui mourut enfant, et deux filles, Maria Katharina et Maria Rosa. Maria Katharina, née le 14 novembre 1789, épousa le 13 août 1813, Johannes RIBER. Leurs descendants vécurent à Meienheim. Maria Rosa, née le 15 février 1794, fut ramenée à Ungersheim comme épouse par Georg MEYER, le 3 août 1813. Leur fille Maria Anna devint madame Joseph GANGOLF à Habsheim. Maria Rosa décéda déjà le 2 décembre 1817.

 

7.  Franz Joseph THUET, le plus jeune enfant de Johannes THUET et Maria Anna LANG, naquit à Hammerstatt en 1766. Il entra dans les ordres et fut curé de Rumersheim. Il sera question de lui dans un paragraphe plus loin.

Les détails et explications présentés, et un coup d’œil sur l’arbre généalogique de la famille Johannes THUET-LANG vont nous montrer la grande extension qu’a atteint toute la famille THUET de Hammerstatt. En complément je voudrais encore évoquer certains points généraux se rapportant à l’origine, aux traits de caractères, et à la religion de la famille.

 

 

 

ORIGINE, CARACTERE, et RELIGION.

 

Sur l’origine du premier Hartmann THUET de Hammerstatt aucun autre document n’existe que les quelques mots qui sont inscrits dans le registre des mariages : «  Ex ditione Bernensi… » (du protectorat de Berne). Le protectorat de Berne s’étendait à l’époque, en 1692, jusqu’aux cantons de l’Argovie y compris. Pour recueillir de plus amples renseignements sur la patrie des ancêtres des THUET, par l’aimable intermédiaire de Monsieur Cousin WANGER, directeur d’école à Sainte Croix en Plaine, je me suis adressé à plusieurs localités de cette région de Suisse, c’est à dire, à Sempach, Zofingen, Sengen, Oberensfelden, toutes des localités pouvant entrer en ligne de compte, car la famille des THUET a dû y être très représentée. Mais d’une façon ou d’une autre aucune réponse satisfaisante n’a pu être fournie. Une chose est certaine concernant l’ancêtre suisse de la famille, il vint de la région de Berne. D’ailleurs ceci est confirmé par une ancienne tradition familiale. De tout temps il se disait que la famille venait de Suisse, mais que la rumeur parlait non pas d'un, mais de deux Suisses, d’ailleurs deux frères qui venaient de la région de Berne, dont l’un alla habiter à Hammerstatt, l’autre à Ammerschweier. Il est difficile d’admettre cette interprétation. Je crois plutôt qu’en la circonstance le descendant THUET a contracté deux mariages. Dans ces conditions il y avait deux sortes d’héritiers, que l’on transforma plus tard en deux familles différentes. Malgré cela la difficulté subsiste et l’énigme de savoir si la famille THUET de Ammerschweier est liée à celle de Hammerstatt est non résolue.

Les documents de la famille THUET- Ammerschweier sont plus clairs et précis que ceux parcimonieux de Hammerstatt. Mais ils n’offrent pas d’indications par lesquelles on pourrait à l’origine fusionner les deux familles. D’après le registre des mariages, Hartmann est venu de la région de Berne en 1692 pour s’établir à Hammerstatt. Il avait à l’époque 26 ans. Douze années plus tard, en 1704, vint de Kirchbühl près de Sempach à Ammerschweier, un jeune homme nommé Martin THUET. Celui-ci était un fils de Michael THUET et Dorothéa WANDLER, et était citoyen de la ville de Sempach. Avant qu’il quitta ce lieu, il vendit à son frère Joseph, sa part de patrimoine paternelle et maternelle. C’est ce que disent les documents conservés à Ammerschweier. Comme Hartmann à Hammerstatt, Martin fonda la famille THUET de Ammerschweier. Etant donné que dans les vieux documents ou les écrits familiaux il n’est pas question de relations amicales ni de rapports familiaux entre ces ancêtres Hartmann et Martin, ou entre leur descendance, le doute est justifié et de  penser qu’ils n’étaient pas frères mais seulement parents rapprochés. Il n’est pas peu réjouissant pour moi de pouvoir souligner ici, que la famille THUET-Ammerschweier compte également dans son giron d’excellents prêtres, et que leur brave aïeul Martin, apporta avec lui un certificat «  de jeune homme, pieux, honnête, modeste, et honorable » de l’hôtel de ville de Sempach.

Il y a encore une troisième famille avec le nom de THUET, laquelle s’étend jusqu’au début du 17ème siècle, et qui s’implanta notamment à Gundolsheim, Issenheim, et Ensisheim.

Il est frappant  que notre ancêtre de Hammerstatt porte le prénom de Hartmann comme surnom, ou nom de baptême. On pourrait presque penser qu’il avait ce prénom parce que venant dans la région de la Hardt, soit d’abord en se l’appropriant, soit en se le faisant attribuer après qu’il se soit installer à Hammerstatt dans la Hardt. Ce serait d’autant plus vraisemblable, si on veut prêter foi à la rumeur qui s’était rependue dans la famille, d’après laquelle Hartmann aurait été protestant. De toute façon la région dont Hartmann était originaire était en grande partie protestante ou calviniste. Mais comme par ailleurs Hammerstatt dépendait du collège de jésuites de Ensisheim, on peut admettre le fait, que le locataire protestant ait été converti à la foi catholique par les efforts des hommes de l’ordre des jésuites d’Ensisheim, et fut baptisé du nom de Hartmann. Hartmann est d’ailleurs le nom d’un Saint du 12ème siècle qui mourut évêque de Brixen dans le Tyrol et dont la fête tombe  le 23 décembre. Mais il ne s’agit dans ce dernier cas que de suppositions et d'hypothèses, qui se perpétuent dans la famille, mais qui jusqu’à aujourd’hui n’ont pas été confirmées par des documents.

Sur un petit morceau de papier, lequel est conservé par les archives de Strasbourg, qui n'est qu'un extrait d’un ancien registre paroissial de Rumersheim, est écrit ce qui suit : « Anno 1692, 25. Augusti, confirmati sut : Hartmann Thuet ex Hammerstatt, cujus patrinus fuit Quirinus Rietsch. » c.q.v.d. :  « En l’An 1692, le 25 août, fut confirmé : Hartmann Thuet, dont le parrain était Quirinus Rietsch ».

 

 

Que la confirmation de cet homme dans sa 26 ème année était le résultat d'une conversion au catholicisme juste auparavant reste à être prouvé. Il est toutefois à remarquer que les actes de mariages aussi bien de Hartmann que de ses fils sont rédigés dans un sens catholique. Celui de Hartmann, l'aîné, est très court : "le 29 juin 1699, Hartmann THUET du territoire de Berne, à Hammerstatt depuis 1692, et Anna-Maria HÖLL de Hammerstatt". Les actes de mariage de ses fils sont rédigés d'une façon plus solennelle, ainsi celui de Johannes avec Anna-Maria LANG mentionne : "Premièrement les futurs époux doivent et désirent conserver et maintenir les saints sacrements qui leur ont été dispensés à l'occasion de leur mariage. De même ils font la promesse de vivre chrétiennement et comme il est de coutume dans la religion catholique de recevoir à la première occasion les saints sacrements de la confirmation. De même dans le contrat de mariage de Joseph le fils de Hartmann (1755) il est question " d'un usage catholique et apostolique des saints sacrements de la bénédiction divine ". Paroles qui témoignent des sentiments profonds d'esprit religieux et d'une foi profonde.

Sur la base de la mentalité des fils j'adhérerais volontiers à l'idée que leur père Hartmann n'avait jamais été protestant mais catholique. Peut-être a-t-il de ce fait quitté la Suisse protestante pour éviter le danger d'apostasie (ndlr : reniement du catholicisme au profit du protestantisme dans ce cas), pour trouver en Alsace catholique plus de sécurité pour sa croyance. Il trouva effectivement cette sécurité à Hammerstatt sous la protection des Jésuites. La famille THUET-Hammerstatt remercia sans aucun doute ces honorables hommes de l'ordre, par sa fermeté et sa fidélité en la foi catholique. De tout temps la foi et la religion furent de précieux héritages entre les membres de cette famille. Que ceci veuille rester ainsi est le vœux le plus fervent de l'auteur. C'est pour cette raison essentiellement que je me suis donné la peine d'énumérer simplement les prêtres, religieux, et missionnaires, qui ont émanés de la famille, et de raconter brièvement leur vie et leur œuvre.

Mais auparavant quelques mots sur le caractère de la famille THUET, qui depuis le Moyen-Age a joué un rôle important, voire héroïque dans son pays d'origine.

Le nom de THUET n'est pas inconnu dans l'histoire de la Confédération Helvétique. Il est lié à un certain nombres de faits héroïques lors des combats dans les temps anciens pour la libération du peuple et sol suisse. Dès le début de la Confédération il est question de ce nom. Ainsi durant la seconde moitié du 14ème siècle vivait à Zofingen dans le canton d'Argovie, un certain Niklaus THUET (ndlr: THUT). Il était maire de la ville et en cette qualité porte-drapeau de la bannière de Zofingen lors de la bataille près de Sempach (9 juillet 1386). Blessé à mort c'est avec ses dents qu'il la tint jusqu'à la fin. Depuis ce temps tous les maires de Zofingen doivent faire le serment de défendre leur bannière, comme le fit le brave maire Niklaus THUET. Dans la revue annuelle "Histoire , Langue et littérature en Alsace-Lorraine" 12ème siècle, page 46, édité par "la branche Histoire-Littérature du Club Vosgien", nous lisons le poème suivant qui loue et chante le fait historique. Le titre dit :

 

Das Turnier  1383.

Traduction de M.Dr Kurt SIEGFRIED de Zofingen (année 1973).

 

Le tournoi

 

Vieux – Zofingue présente une charmante image

Près de l'Aar sur le champ couvert de fleurs.

Les chevaliers s'ébattent avec lance et bouclier

Les chevaux fortement protégés.

Pour la fête du tournoi

La foule se portait en masse,

De la Suisse, de l'Alsace et de l'Allemagne,

Ainsi le veut le Sieur LEOPOLD.

 

L'épouse du duc sur le balcon élevé

Entourée de dames ravissantes

Prépare les couronnes dignes

De couronner le front du vainqueur

Bien des poitrines ici se soulèvent

Avec un sentiment d'envie

Et quand-même une hésitation excusable

D'oser lutter pour la couronne.

 

Et à côté de la tente couverte de rouge

Le bourgmestre monsieur THUET

Parmi les invités d'honneur de Zofingue.

Son attention se pose compréhensible

Avec un sentiment de plaisir

Sur la foule bariolée

Qui formée somptueusement et vigoureusement

Se déploie devant les regards admiratifs.

 

Et le duc fait signe: le jeu commence

Avec l'appel retentissant des fanfares

La lance vise comme but le bouclier de l'adversaire

Et les couples courageux s'élancent

Avec force

La lance craque

Les bois éclatent

Et les chevaliers volent parterre.

 

Un seul reste dans la selle

Quand tous les autres trébuchent et tombent      

DA PORTA, un seigneur étranger du midi

Semble conserver la victoire devant tous

Comme chacun s'affaisse,

Le duc LEOPOLD fait signe

A un vieux chevalier d'assister

Celui-ci se prépare en hâte à la lutte.

 

Le sieur GUTEROLF appelle monsieur THUET et demande:

" Dites-moi ! comment appelez-vous le vieux

Qui se risque à la lutte inégale avec le Milanais?

Il ne remportera jamais la victoire."

Monsieur THUET répond:

" Vous ne le connaissez pas!?

Il suffit de mentionner le Maltais

Et tout le monde le reconnaît.!"

 

Est-ce lui le petit enfant abandonné

Qu'on a retiré jadis du Rhin?

Auquel les dieux de la chance sont dévoués

Et les grands de la terre acquis?

Qui par le pouvoir de l'empereur

A été fait baron

Qui a atteint la noblesse suprême

En recevant comme épouse une comtesse?

 

Le Maltais saute agilement à cheval

Et se dresse dans les étriers

Ils baissent les lances pour assurer le coup

Et saisissent les brides pendantes

Et se précipitent

Dans un fracas impétueux.

Les chevaux trébuchent et tombent

Ainsi l'étranger tombe à la renverse parterre.

 

Et dans le champ s'élèvent bruyamment

Les appels enthousiasmés de la foule.

Accompagné par le duc notre héros reçoit

Au bas des marches du trône élevé

Le gage du vainqueur

De la main de la duchesse

Et les yeux bienheureux de son épouse

Se plongent profondément dan son âme.

 

Les amis du Milanais se taisent fâchés

Seul Guterolf, chevalier de Dornach,

Mis en colère au plus profond de son âme

Crie au chevalier dans une rage furieuse

"Prends garde! Prends garde!

Cela viendra du jour au lendemain

Et tu devras t'apercevoir avec effroi

Si c'est prudent d'avoir confiance en la chance

 

 

 

La bataille de Sempach a eu lieu entre l'Archiduc d'Autriche Léopold III et les confédérés de Suisse, ces derniers remportant la victoire. Léopold y a perdu et la victoire et la vie, mais également les Zofingois eurent à déplorer la mort de leur maire THUET, lequel périt héroïquement dans la mêlée. A cette époque Zofingen devait marcher aux côtés des Autrichiens. Cette mort héroïque fut chantée dans un autre poème dont le cousin monsieur August Thuet, curé de Grenzingen m'a fait part.

 

 

 

Niklaus Thuet.

 

Gen Sempach zog für Östreichs Macht

Zofingens Fähnlein in die Schlacht ;

Das Fähnlein aber trug mit Mut

Voran der Schultheiss Niklaus Thut.

Bald war mit Schwert und Hellebard

Ihr Harst um Leopold geschart ;

Bald standen sie zum heissen Streit

Im grünen Wiesengrund gereiht.

Bald brachte aus der Waldes Nacht

Der Feind die wilde Männerschlacht,

Bald schien dem Adel, fest gekeilt,

Glorreich schon gar der Sieg ereilt.

Da kam der Eidgenossen Heil,

Struht Winkelried, und brach den Keil.

Er sprang in Östreichs Speerwald ein

Und riss den Seinen Bahn darein.

Un d wie ein Blitzschlag fuhr sogleich

Der Tod in's Herz von Österreich.

Und Eich' auf Eiche schlug er hin,

Kein Schild, kein Panzer hemmte ihn.

Und selbst der Herzog hochgemut

Dank sterbend in sein junges Blut.

Doch in des Kampfes höchster Glut

Stand immer noch der Schulyheiss Thut.

Er stand als wie ein Riesenturm

Und hielt sein Fähnlein fest im Sturm;

Und um ihn, trotzend der Gefahr,

Stritt hüngleich seine treue Schar.

Doch alles schwebt zuletzt und fällt;

Er steht von allen losgeschält.

Da trifft der grimme Tod auch ihn;

Er stöhnt und stürtzt auf Fähnlein hin.

Und röchelnd reisst er's noch vom Schaft,

So retten es der Bürgerschaf.

Tags drauf da zieht man klagend aus,

Holt seine Toten still nach Haus.

Man fand die ganze treue Schar

Gefällt, wo sie gestanden war.

Der Schultheiss lag im Blut gesumpft,

Das Schwert bis an die Faust gestumpft;

Und in der Linken hielt mit Kraft

Gefäustet er des Banners Schaft.

Allein das Banner misste man

Und fand dafür sein Blut daran.

So werden sie nach Haus geführt

Und schlicht mit Kranz und Kreuz geziert.

Man trägt bei Sang und Klockenklang

Die Mann für Mann die Stadt entlang.

Man stellt sie all'ins Totenhaus

Zu öffentlichen Ehren aus;

Und klagend widerhallt's im Thor,

Dass Haupt und Banner man verlor.

Drauf hielt der Weibel treu die Nacht

Bei seinem Schultheiss Leichenwacht.

Der schlief auf seiner Totenbahr,

So schön im grauen Bart und Haar.

Er sah den Herren weinend an,

Vom dem er einst so fiel empfahn.

Er strich den Bart ihm und den Mund,

Auf dass er ihn noch küssen kunnt!

Da nahm er, siehe! Wunderbar

Im blassen Mund ein Tüchlein wahr.

Er fasst es an, er zieht's hervor,

Er schaut es an, er hält's empor.

Er ruft, als er das Wappen sah:

"Glück auf, das Banner ist noch da ! "

Gesungen ward's in Spruch und Reim:

"Der Schultheiss bracht's im Munde heim."

Sogleich vernahm von Tor zu Tor

Die frohe Runde jedes Ohr;

Und stauned lief die Stadt herbei

Und pries des Bannerherren Treu.

Und noch erzählt sich's jung und alt

Dass jeder treu des Amtes walt;

Und ob er hoch, ob niedrig steh',

Wie Niklaus Thut zum Fähnlein seh'.



 

Statue de Niklaus THUT sur la place centrale de ZOFINGEN.

Il semble que la bravoure et le courage de ce valeureux combattant Niklaus Thuet se soient en grande partie transmis à sa descendance. Notamment les anciens de la Famille Thuet, nos ancêtres, étaient tous plus ou moins enclin à la bagarre et étaient de courageux combattants. Rien que le fait de s'expatrier, quitter sa Suisse natale pour venir comme locataire s'installer dans une ferme isolée à proximité de la grande et inhospitalière forêt de la Hardt, et des vertes îles du Rhin prouve un esprit d'entreprise peu commun. De leur esprit de liberté et d'indépendance émane un penchant pour les jeux, et leur passion pour la chasse, la pêche et autres. Plusieurs d'entre eux y eurent une grande habileté et devinrent des chasseurs émérites.

Un membre de la famille, Ludwig Thuet de Biesheim, prit part au siège de Breisach en 1870 à la tête d'une section de la garde nationale des troupes régulières allemandes. Au cours d'un combat il fut grièvement blessé, et mourut des suites de ses blessures. Un autre Thuet de Meienheim, Anton Thuet, fut tué en  1831 par un coup de sabot d'un cheval sauvage qu'il essayait de mater. Mais cette intrépidité ne les empêchait pas de bien soigner leurs champs.

Au début du livre j'ai déjà présenté l'étendue des biens qui appartenaient à la ferme de Hammerstatt. En prenant ensemble en bail ces propriétés rurales et immobilières, ils les gérèrent tellement bien qu'ils purent acquérir à côté, des propriétés personnelles qu'ils firent fructifier. Aussi en peu de temps il arriva que Johannes le fils du vieux Hartmann n'était pas seulement fermier locataire de Hammerstatt, mais devint également citoyen et propriétaire de Rümersheim. A la mort de ce Johannes qui survint en 1786, époux de M.Anna Lang, il fut dressé un inventaire des tous ses biens et avoirs en vu du partage entre ses sept enfants cités plus haut.

De cet inventaire, que j'avais à disposition (ndlr:voir page suivante), il ressort que Johannes et M.Anna Lang avaient deux exploitations agricoles séparées, l'une en tant que locataire à Hammerstatt, l'autre en tant que propriétaire à Rümersheim.

 

 La propriété de Rümersheim se composait d'une maison d'habitation avec ferme, étables, grange, prés et jardin potager. C'est sans aucun doute la ferme où récemment en 1910 est décédé Alois Thuet. La vieille maison est maintenant remplacée par une nouvelle, qui certes est belle, mais n'égale pas en robustesse l'ancienne. Enfant, j'ai toujours admiré les murs monumentaux de la vieille maison, qui avaient au moins une épaisseur de un mètre. A cette maison et ferme étaient liés une location de 28 arpents de champs qui rapportaient en loyer à l'église de Rümersheim trois viertel (ndlr : 1 viertel = 6 boisseaux = ~78litres ) et trois sesters de seigle et autant d'orge. Appartenaient également à la maison 2 arpents communaux, au total donc 30 arpents en location. Cette demeure fut transmise à titre personnel par les époux Johannes Thuet-Lang à leur fils Elogius Thuet-Riedinger par contrat de mariage du 4 février 1783, moyennant une somme complémentaire de 3300 (tournois) francs payable en 4 annuités successives.

 

 

Inventaire  des  biens de Johannes et Maria Anna LANG.

 

A part ces, maison d'habitation, ferme, étables, et jardins, Johannes Thuet et Maria Anna Lang avaient encore 61 arpents de champs, qui furent évalués à 8791 Francs lors du partage.

Après le décès du père Johannes (1786) un inventaire fut dressé entre Hammerstatt et Rümersheim, concernant le bétail: 8 chevaux, 27 bœufs, 84 moutons, 33 porcs, 2, chèvres, 28 oies, 36 poules, 32 ruchers; en aliments: 10 Mass de miel, 100kg de lard, 42 livres de beurre, 50 kg de sel; céréales battues disponibles: 24 Viertel seigle,  104 Viertel orge, 2 Viertel blé, 4 Viertel  de farine; dans la grange il y avaient encore des céréales non battues. Le cheptel fut évalué à 3960 Francs; le linge, la literie, etc à 1217 Fr; la vaisselle à 344 Fr; l'outillage à main et de construction à 624 Fr; les ustensiles de caves à 90 Fr; bateau et son outillage, voitures, etc à 673 fr; l'outillage de forge à 215 Fr; il y avait d'ailleurs une forge particulièrement exceptionnelle à Hammerstatt; il y avait aussi 8 fusils de chasse, la preuve à quel point on cultivait la passion pour ce noble art. Tous les trois fils, Johannes, Elogius et Franz Joseph en reçurent chacun un par préciput. Les 5 autres armes furent vendues aux enchères. En dernier lieu il restait encore quelques obligations à partager. A partir de ces informations détaillées nous voyons que nos aïeux ont géré leurs affaires de façon intelligente et laborieuse. Ils étaient particulièrement bien équipés en textile, linge, literie, et tout ce qui appartient à un ménage aisé. Dieu bénit leur travail, car ils le firent en conscience chrétienne.

 Mais dieu leur fit un cadeau encore plus riche. Il préserva dans le milieu familiale un profond esprit religieux qui en inspira les pensées et les aspirations. Cet esprit se transmit comme précieux héritage et joyau aux descendants, parmi lesquels maints se consacrèrent à la vocation religieuse. Fasse que ces énumérations et courtes esquisses de vies des appelés au service de dieu servent à mes lecteurs à leur édification et peut-être d'exemple à imiter.


 

 

 

Eglise et presbytère de BETTENDORF